Sisyphe mon ami, mon frère !

Cher Sisyphe, peux tu me dire si nos destins sont scellés ? M'aurais tu condamné à revivre peu ou prou les mêmes maraudes et à refaire le même constat ? Celui qui consiste à aller de campement en campement, transformés pour l'occasion en véritables mouroirs où se réfugient les sans abri !! J'aimerai te dire qu'ici les hommes ont créé de véritables usines à gaz administratives, qui sont tout aussi efficaces qu'un cataplasme sur une jambe de bois. Ils ont construit ce qu'ils appellent des centres d'hébergement d'urgence où ils attirent les sans abri par la force, la ruse, ou la promesse de jours meilleurs. Ces derniers seraient bien fous d'y rester car on n'y trouve ni intimité, ni relations humaines bienveillantes et fraternelles, mais plutôt violences verbales parfois physiques ainsi que des vols. Dis moi si ces centres ne sont pas une mascarade institutionnelle destinée à masquer l'impuissance des politiques ou bien leur aveuglement !! Cette pièce qui se joue sous nos yeux s'appelle désormais " scènes de la barbarie ordinaire ", tous les rôles n'ont pas encore été distribués. Comment pourrait il en être autrement. ? L'institution préfère reléguer ces encombrants à la périphérie de la ville. Ils auront beau gesticuler médiatiquement, l'hécatombe se poursuivra inlassablement. J'aimerais pouvoir te dire que tu n'auras été pour nous qu'un mythe et que je me serais bien passé de ta présence, mais le destin en a certainement décidé autrement. Ceux qui nous gouvernent en sont restés encore à l'acte I qui consiste en l'idée d'une solution unique totale, pour nos frères restés sur le bord de la route. Ils en ont même oublié l'audace. Pourtant certains te rejettent déjà car ils ont eu le courage d'être créatifs, ils ont repensé la réinsertion, ils ont portés des projets humains, adaptés, porteurs d'espoir! J'espère simplement qu'un jour je ne te verrai plus, et que tu ne seras plus mon frère ni mon ami.Cela voudra dire que tu ne fus qu'un mythe, certes tenace, mais un mythe.... (Pour avoir osé défier les dieux, Sisyphe fut condamné à faire rouler éternellement, dans le Tartare, un rocher jusqu'en haut d'une colline dont il redescendait chaque fois avant de parvenir à son sommet, tel que raconté dans l'Odyssée. Toutefois, Homère ne faisait pas mention de la raison de ce châtiment. Certaines traditions le justifie par la réputation de brigand et de malfaiteur que Sisyphe avait acquise de son vivant.) La légende dit même qu'il fut tué par des SDF, en 2010 dans les bois de Saint Martin au terme d'une bataille féroce !

http://www.association-espaces.org/spip.php?article15

1 commentaire:

  1. Très bon article. Désespérant et très lucide. J'ai tenté de faire comme Augustin Legrand mais c'est très difficile de sensibiliser les gens. Vous connaissez mon site c'est http://www.prophtiereconciliationdesnations.blogspot.com

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