Un accueil de rues à Versailles : les Roulottes


Depuis maintenant quatorze ans, trois soirs par semaine, des sandwichs et des boissons chaudes sont proposés aux sans-abri et aux personnes en grande difficulté auprès des gares de Versailles ou sur le marché Notre-Dame par des bénévoles du Secours Catholique et d’Humanitude (association d’étudiants de l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines) : on appelle cela les Roulottes.

Les Roulottes comptent une soixantaine d’habitués, chaque soirée attirant vingt ou trente d’entre eux. Sur chaque gare, ils sont accueillis par des équipes constituées d’une quinzaine de bénévoles très divers : adultes, étudiants, compagnons et routiers scouts, jeunes ménages, etc. La configuration de ces équipes est précieuse. Car, s’il s’agit de proposer des sandwichs, l’idée est aussi de susciter des échanges, d’engager des conversations. Des amitiés se créent entre bénévoles. Des liens se nouent avec les accueillis. Et pour finir, bénévoles et accueillis s’attachent à ces rendez-vous qui font naître entre eux des relations amicales.

Accueillir et être accueilli dans les rues de Versailles

Quant à l’objectif poursuivi, le mieux est d’en donner la définition la plus simple qui soit : les Roulottes sont des points de rendez-vous où des bénévoles viennent chaque semaine partager deux ou trois heures, autour d’un casse-croûte, avec des personnes en situation de précarité. Les personnes accueillies sont sensibles au climat de gratuité qui caractérise cet accueil. Et l’ambiance amicale des Roulottes a beaucoup à voir avec ce sentiment de gratuité. Venir dans la rue a du sens. On y est plus à l’aise que dans un accueil institutionnel ou dans un local associatif. Les bénévoles y tiennent un rôle dépourvu de tout habillage institutionnel. Pour tout le monde, il s’agit avant tout d’un geste de solidarité.

Un geste de solidarité minuscule mais essentiel

Certes, nombre des personnes accueillies connaissent des conditions de vie très dures. Et, au regard de ces conditions de vie, un tel geste de solidarité apparaît minuscule. Il est clair que mettre l’accent sur le contact humain avec les personnes en situation de grande précarité n’équivaut nullement à une action sociale spécialisée auprès des plus démunis. Nous ne nous masquons pas la dimension politique des problèmes de pauvreté. Mais les spécialistes de notre champ d’action disent que les liens humains, les liens amicaux, la solidarité immédiate, les moments de gratuité, que tout cela c’est quasiment le plus important et le plus rare ; et que la relation amicale, le lien social, spécialement avec des personnes qui s’enfoncent dans l’exclusion, sont prioritaires. En tout cas ce qui donne leur solidité aux Roulottes, c’est que, pour un petit nombre de bénévoles comme pour un petit réseau d’accueillis, il s’agit désormais d’une vieille fidélité réciproque.

Michel Jacquey

Article repris du journal Notre-Dame du Chêne d’avril 2012, publié par la paroisse catholique de Viroflay, et reproduit ici avec son aimable autorisation.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire