Benoît Danneau: "Il faut donner la parole aux personnes de la rue"



PARIS (AP) - Benoît Danneau, le directeur du Comité local d'organisation (CLO) de la 9e Homeless World Cup, affirme qu'en matière de précarité, il est urgent de donner la parole aux personnes de la rue. Il prône la création de "comité de consultation" où les personnes en grande difficulté pourraient faire entendre leurs voix.
"On a la fâcheuse habitude de toujours répondre à la place des gens et de toujours imaginer ce qui est bien pour eux", dit-il. "Le jour où dans des comités de consultation, de vraies instances, les personnes en difficultés auront une place reconnue et légitime, on trouvera d'autres solutions".
"La question de l'hébergement et du logement nécessite une prise de position des personnes de la rue. La situation est grave, il faut trouver une solution, et pour trouver une solution, il faut consulter les gens", ajoute-t-il.
Le colloque organisé par le CLO en parallèle de la Coupe du monde des sans-abri devrait permettre à des personnes en difficultés de se faire entendre la semaine prochaine au collège des Bernardins à Paris.
Philippe Martel, le président d'Interlogement 93 qui fédère 47 associations travaillant dans le logement, estime que 600.000 ménages sont en France privés de logement personnel.
"Pour accéder à un vrai logement, il faut une politique ambitieuse de construction de logement sociaux", dit-il. "Or, l'effort financier de l'Etat en faveur des logements sociaux est six fois inférieur à ce qui a été consacré pour les investisseurs privés qui achètent des logements afin de les mettre en location et qui obtiennent par la loi Scellier notamment des avantages fiscaux mirobolants".
La politique du "logement d'abord" prônée par le gouvernement et son secrétaire d'Etat Benoist Apparu ne peut être tenue selon Philippe Martel sans un accompagnement social.
"Un apprentissage de l'habitat et de l'utilisation à bon escient des services culturels et sociaux sont nécessaires" pour les personnes venues de la rue, dit-il.
Philippe Martel se réjouit de l'organisation de la Coupe du monde des sans-abri.
"L'insertion par le sport et la culture sont des outils fondamentaux pour la socialisation", estime-t-il.
Samir Amira, l'entraîneur de l'équipe de France féminine des sans-abri, ex-joueur de l'épreuve, vient ainsi d'être recruté par l'entreprise Geodis qui offre 20 emplois à des personnes ayant connu la grande précarité.
Patrick Mbeu, à l'origine de la création du "comité des joueurs" de la Coupe du monde des sans-abri, rappelle le rôle de passerelle sociale de l'épreuve: "Certains ont obtenu (après avoir disputé la Homeless Word Cup) des BTS de chimie et de comptabilité, d'autres ont obtenu des CDI. Il y en a qui ont des logements pérennes, certains se sont même mariés". 

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