RSA Mode d'emploi

Généralisé le 1er juin 2009, le Revenu de solidarité active (RSA) est perçu par près de 1,76 million de personnes, dont environ 615 000 exercent une petite activité salariée. Des internautes du Monde.fr qui vivent avec le RSA témoignent.
  • "Avec le RSA, on ne vit pas, on survit" par Michel N.
J'ai 59 ans, ancien commercial au chômage depuis plus de 10 ans. Lorsque autant de jeunes sont au chômage, comment voulez-vous que les Français de plus de 40 ans sans emploi retrouvent du travail ? Je suis au RSA, après avoir touché le RMI. Mais étant veuf avec un enfant de 15 ans à charge, avec le RSA, on ne vit pas, on survit. Je touche 579 euros de RSA et 390 d'allocation logement. Comme mon loyer, pour une chambre d'hôtel, est de 600 euros, il me reste 389 euros pour nous nourrir, payer le téléphone (60 euros), nous déplacer, nous habiller, et éventuellement aider mon fils aîné de 32 ans, handicapé, lorsqu'il a besoin de moi.

Alors forcément, les vacances, les loisirs ou encore le restaurant, il y a bien longtemps que l'on ne connaît plus cela. Il reste bien quelques rares amis pour nous aider. Sans eux, cela serait bien plus dur à vivre. Si le gouvernement repousse l'âge de la retraite à plus de 60 ans, ma pension sera bien mince étant donné que je ne travaille plus depuis longtemps et qu'il me manque des trimestres.
  • "Sans le RSA, j'enchaînerais les travaux alimentaires", par Alice M.
J'ai perçu le RSA en complément de mon faible revenu de stagiaire en design. J'ai ainsi pu effectuer un stage de fin d'études de six mois, qui a favorisé mon entrée dans la vie active : l'entreprise dans laquelle j'ai fait mes preuves vient de me créer un poste sur-mesure ! Autant dire que sans le RSA, j'enchaînerais sans doute à l'heure actuelle divers travaux dits "alimentaires", sans m'épanouir dans mon domaine. D'autre part, je n'ai rencontré aucun problème avec la Caisses d'allocations familiales (CAF), dans les déclarations sur papier comme sur le Net
  • "Le RMI a juste changé de nom, voilà tout", par Dominique P.
En juin 2009, j'ai perçu comme beaucoup mon premier versement du RSA. Dans la foulée, j'ai été convoqué par une conseillère du Pôle emploi. Lors de l'entretien, elle m'a appris qu'elle était mon référent RSA et a entrepris de me chercher un emploi. Une semaine après, j'ai reçu un courrier de sa part stipulant que je ne dépendais plus d'elle mais directement du Pôle emploi.
Depuis cette lettre, je n'ai aucune nouvelle ni du Pôle emploi ni de cette conseillère. Cela fait donc un an que je perçois le RSA sans aucun suivi. Je dois trouver du travail par moi-même à droite et à gauche. Actuellement je monte mon dossier pour devenir auto-entrepreneur. En conclusion, je ne constate aucune évolution par rapport au RMI. Cela a juste changé de nom, voilà tout...
  • "Ce n'est pas le RSA qui m'a permis de trouver un emploi", par Samuel L.
A ce jour, j'occupe un poste de médiateur de vie scolaire dans un lycée : 20 heures par semaine payées 630 euros net (en contrat unique d'insertion). Le montant de mon RSA est d'environ 200 euros. Même si cette somme n'est pas négligeable, je ne peux, avec de tels revenus, prendre mon envol. A 28 ans, je vis toujours chez mes parents, dont l'un est aussi bénéficiaire de cette allocation (de 50 euros).
Cette "mesurette" ne répond ni au problème du chômage ni à la précarité, et entraîne des entreprises ou des administrations publiques à recruter en mi-temps avec des salaires dérisoires. Ce n'est pas cette aide qui m'a permis de retrouver un emploi, elle permet seulement de joindre difficilement les deux bouts.
  • Le RSA : une angoisse perpétuelle pour les moins fortunés, par Mathieu J.
A la suite d'un cursus de trois ans en management des organisations du tourisme, je me suis retrouvé sur le marché du travail en octobre 2009. Mes trois stages ne m'ayant pas permis de travailler le nombre d'heures suffisant pour toucher le chômage, je me suis vu accréditer le RSA. Je touche alors 400 euros.
C'est très peu pour vivre seul. J'ai la chance d'avoir des parents pour me loger, me soutenir et faciliter mon existence, mais pour les moins fortunés, ce doit être une angoisse perpétuelle. Pour ma part, ne trouvant pas de travail en France (malgré des recherches très actives), je suis parti à Valence, en Espagne. Avec beaucoup de chance, j'y ai trouvé un CDD de 3 mois. Selon la loi, si l'on travaille à l'étranger moins de 92 jours, on peut conserver l'allocation. J'ai donc pu garder les 400 euros, cumulés à mes 1 050 euros de salaire espagnol. Cette opportunité m'a permis de vivre confortablement en Espagne. Mais qu'en est-il de la majorité des allocataires ?
  • Le RSA ? Un parcours du combattant..., par Marine L.
J'ai fait une demande de RSA en début d'année car malgré mon master, les emplois se font rares sous le prétexte du manque d'expérience. J'ai fais une simulation à la CAF mais on m'a réorientée vers le Centre communal d'action sociale (CCAS) car je suis célibataire. Une fois sur place, on me donne seulement un dossier avec la liste des pièces à fournir. Attention, il faut s'inscrire au Pôle emploi pour avoir le fameux document rose d'inscription et surtout savoir si je touche l'allocation d'aide au retour à l'emploi (ARE). En fait, je n'ai pas suffisamment travaillé pour y avoir droit : encore quelques jours de perdus. Finalement, je reviens au CCAS pour déposer officiellement mon dossier pour qu'au final ce soit la CAF qui gère tout.
Puis, je suis convoquée auprès d'une association déléguée par le conseil général pour nous faire un topo sur nos droits et surtout nos devoirs. En parallèle, je reçois une convocation au Pôle emploi pour m'entendre dire que, de toute façon, il faut que je continue à chercher dans ma branche et que je n'ai le droit à aucune formation complémentaire sauf si je paye de ma poche. Sachant qu'il s'agissait d'un point d'information avant un prochain rendez-vous mensuel avec un conseiller qui s'occupera de mon suivi, tous les mois, pour lui montrer mes justificatifs d'emploi...
  • "Un manque d'information criant", par Maud S
Je touche le RSA en complément d'une activité de stage peu rémunérée depuis trois mois. Je n'ai jamais eu de contact avec le Pôle Emploi. Mon dossier a été traité très rapidement, mais le courrier spécifiant mes droits est arrivé après le premier virement sur mon compte. Il subsiste un manque d'information criant sur le RSA. Les interlocuteurs de la CAF sont peu disponibles. Si je n'avais pas cliqué au hasard sur la bouton "TEST RSA" de mon interface de gestion en ligne de l'allocation logement, je n'aurais jamais su que je pouvais y prétendre, et ce depuis sa mise en place.
Mon stage se termine dans trois semaines, à l'issue desquelles je n'aurai plus de revenus d'activité, et serai en recherche d'emploi. Je n'ai aucune information sur le réajustement du RSA, et je ne sais pas vraiment à qui m'adresser.
  • Le RSA ne remplace pas mon régime d'intermittente, par Agathe P.
Comme des milliers d'intermittents du spectacle qui n'ont pas réussi à faire leurs 507 heures pour continuer à bénéficier de ce régime, je suis passée d'un revenu de 230 euros par cachet et par jour à 462 euros de RSA par mois. La situation des intermittents ne s'améliore guère et n'est pas près de s'améliorer. Au contraire, on est en train de mettre en péril toute notre profession. Comment voulez vous que l'on retrouve un travail si l'on coupe les vivres des théâtres, des compagnies, qui donc ne peuvent plus créer des emplois et ne peuvent plus embaucher ?
Je ne vois pas comment sortir de ce RSA, avec 23 ans de théâtre derrière moi. Je ne sais rien faire d'autre. J'ai 49 ans, pas de diplôme, pas de formation autre : je suis, comme on dit, une "senior" avec très peu de perspectives d'emploi dans ma branche. Difficile de se présenter devant un employeur avec comme profil : "femme de 49 ans, vieillissante, sans diplôme, saltimbanque et à la recherche d'un emploi"

2 commentaires:

  1. Super article sur le RSA, il est très intéressant !

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  2. Perso, je touche l'AAH (Allocation Adulte Handicapé) qui est d'un montant plus élevé que le RSA/RMI mais j'en chie, en plus je suis sous curatelle, et j'ai mon argent au compte gouttes, et à côté, je cherche un emploi protégé à mi-temps pour cumuler avec mon AAH à auteur d'un SMIC, car si ça dépasse, ce que je gagne en plus cette année il me l'enlève l'année prochaine !!!
    Vive la France !

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